Lettre de la justice administrative n°61
LJA N°61 : Automne 2020
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À la Une
Éditorial
« Concilier l’impératif de protection de la santé de la population et la défense des droits et libertés », par Bruno Lasserre, vice-président du Conseil d'État
Dans la période qui s’ouvre, la juridiction administrative devra se montrer une nouvelle fois particulièrement vigilante pour garantir la conciliation entre l’impératif de protection de la santé de la population et la défense des droits et libertés.
Car le recours à un régime d’exception n’est jamais anodin. Une menace particulièrement grave peut certes justifier de s’écarter du cadre normal d’exercice des pouvoirs publics pour y faire face efficacement, mais on ne peut ignorer les risques qu’elles emportent pour les droits et libertés. Des contrôles vigoureux et pertinents sont indispensables. Ainsi, notamment, le contrôle politique du Parlement : des outils sont prévus par la loi du 23 mars 2020 pour assurer son effectivité et il revient maintenant au Sénat et à l’Assemblée nationale de s’en emparer et de les utiliser activement.
Dans le cadre de ses fonctions consultatives, le Conseil d’État vient pour sa part d’examiner en commission permanente le projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire. Comme à son habitude, il a vérifié sa conformité aux normes supérieures et veillé à préserver la sécurité juridique, tout en vérifiant que le recours à l’état d’urgence était strictement justifié. Dans son avis précédemment rendu sur la loi du 9 juillet organisant la sortie de l’état d’urgence sanitaire, il avait, dans le même esprit, estimé trop large la notion de « résurgence » de l’épidémie prévue pour permettre au Gouvernement de réactiver certains pouvoirs de crise.
Au contentieux, les juges des référés ont progressivement repositionné les curseurs fixés au pic de la crise. Après avoir suspendu les interdictions de manifester et de se réunir dans les lieux de culte, laissées en vigueur après la fin du confinement, le juge des référés a par exemple précisé les conditions dans lesquelles les autorités de police locales peuvent imposer le port du masque. Il a, ce faisant, clarifié l’articulation des pouvoirs de police aux niveaux national et local et signalé son attachement à la simplicité et à la lisibilité des mesures en cause, car l’une des principales difficultés pour les pouvoirs publics est aujourd’hui d’élaborer une stratégie compréhensible par ses destinataires. Cette attention à la cohérence des dispositifs mis en œuvre par le Gouvernement explique également l’ordonnance du 15 octobre 2020 par laquelle le juge des référés a suspendu les dispositions du décret du 29 août, qui avait restreint les critères de vulnérabilité au Covid-19 permettant aux salariés de bénéficier du chômage partiel. Les premières requêtes contestant les couvre-feux ont été déposées et le juge administratif, fidèle à ses traditions, continuera à réaliser ses contrôles de manière concrète et adaptée tout en défendant les piliers de notre État de droit.
Notons par ailleurs que cette activité consultative et contentieuse nourrira la réflexion de la section du rapport et des études qui vient de se lancer dans la confection de la prochaine étude annuelle du Conseil d’État, consacrée aux états d’urgence. Une réflexion approfondie sur ce thème d’une actualité brûlante était d’autant plus nécessaire que nous aurons bientôt passé la moitié des cinq dernières années sous un régime d’état d’urgence.
Enfin, vous constaterez que la Lettre de la juridiction administrative fait peau neuve. Elle se veut plus lisible – avec des contenus dorénavant regroupés dans quatre grandes rubriques – et plus interactive – avec des codes graphiques modernisés, une version en ligne intégrée au site internet du Conseil d’Etat et consultable sur supports mobiles ainsi que des contenus directement partageables sur les réseaux sociaux. Je vous en souhaite une lecture instructive et agréable.
La justice administrative en actes
Contentieux
Pollution de l’air
Le Conseil d’État constate que le Gouvernement n’a toujours pas pris les mesures permettant de réduire la pollution de l’air dans 8 zones en France, pourtant ordonnées par une première décision de juillet 2017. Il astreint le Gouvernement à prendre des mesures pour réduire la pollution de l’air, sous une obligation de verser 10 M€ par semestre de retard. Il s’agit du montant le plus élevé qui ait jamais été imposé pour contraindre l’Etat à exécuter une décision prise par le juge administratif.
Frais d’inscription dans l’enseignement supérieur
Le Conseil d’État juge que les frais d’inscriptions dans l’enseignement supérieur ne s’opposent pas à « l’exigence constitutionnelle de gratuité » qui vise à assurer l’égal accès à l’instruction. Il précise en outre que cette exigence ne s’applique que pour les formations préparant à des diplômes nationaux.
Données personnelles – RGPD
Le Conseil d’État juge que la société Google, sanctionnée par la CNIL et contestant cette sanction devant les juridictions administratives, n’a pas délivré une information suffisamment claire et transparente aux utilisateurs du système d’exploitation Android et ne les a pas mis à même de donner un consentement libre et éclairé au traitement de leurs données personnelles aux fins de personnalisation des annonces publicitaires. Il affirme par ailleurs que la sanction de 50 millions d’euros n’est pas disproportionnée.
Accès aux archives
Le Conseil d’État autorise un chercheur à qui un refus d’accès à des archives présidentielles sur le Rwanda avait été opposé, à consulter ces documents avant le délai de 60 ans prévu par le protocole de remise, à la suite d’une mise en balance des intérêts du chercheur et du grand public avec ceux de l’État.
Documents administratifs contestables
Le Conseil d’État juge que les documents de portée générale émanant d’autorités publiques, matérialisés ou non, tels que les circulaires, instructions, recommandations, notes, présentations ou interprétations du droit positif peuvent être déférés au juge de l’excès de pouvoir lorsqu’ils sont susceptibles d’avoir des effets notables sur les droits ou la situation d’autres personnes que les agents chargés, le cas échéant, de les mettre en œuvre. Ont notamment de tels effets ceux de ces documents qui ont un caractère impératif ou présentent le caractère de lignes directrices.
Contrat de concession maritime
Le tribunal administratif de Saint-Pierre-et-Miquelon, saisi d’un recours en référé précontractuel, refuse d’annuler la procédure de passation engagée par l’Etat en vue de renouveler les deux contrats d’exploitation de la desserte en fret maritime de l’archipel depuis Halifax et de mettre en place un contrat unique de concession. Rappelant que, s’agissant d’un contrat de concession, l’Etat a la possibilité de conclure un contrat unique portant sur la gestion de plusieurs services distincts dès lors qu’il n’a pas donné à la concession un périmètre manifestement excessif ni réuni au sein de ce contrat des services qui n’auraient manifestement aucun lien entre eux, le tribunal juge que l’Etat avait la faculté, pour des raisons d’opportunité, de modifier le périmètre des contrats en cours en vue de leur renouvellement.
Aides de l’Union européenne
La cour administrative d’appel de Nantes confirme la légalité des décisions et titres de recettes sur le fondement desquels la société Doux SA s’est vue obligée de reverser les aides européennes qu’elle avait perçues entre 2010 et 2013 pour ses opérations d’exportation de poulets congelés à destination de pays tiers à l’Union européenne. La cour fait notamment application de la réponse de la Cour de justice de l’UE à la question préjudicielle qui lui a été posée dans cette affaire, réponse par laquelle la Cour de justice a rappelé qu’en cas de non-conformité aux limites maximales de teneur en eau fixées par le droit de l’Union européenne et en l’absence de règles sanitaires en vigueur dans les pays destinataires obligeant à déroger aux règles européennes, une entreprise ne peut bénéficier de restitutions à l’exportation.
Pollution des littoraux aux algues
Le tribunal administratif de la Martinique refuse d’engager la responsabilité de l’Etat à raison de l’insuffisance des mesures prises pour lutter contre l’échouage récurrent d’algues sargasses. Constatant l’ensemble des mesures adoptées par l’Etat, tant du point de vue de l’installation de barrages, d’opérations de ramassage d’algues que des moyens financiers engagés et des mesures d’accompagnement à destination des entreprises du tourisme, le juge conclut à l’absence de faute de l’Etat et estime que celui-ci a satisfait à son obligation d’assurer la sécurité sanitaire et la protection de l’environnement par l’adoption de mesures appropriées.
Rassemblement sur la voie publique
Appliquant la jurisprudence du Conseil d’État (décision n° 440846, 440856, 441015 du 13 juin 2020), le juge des référés du tribunal administratif de Versailles suspend la décision du maire d’Etampes de n’accorder aucune autorisation d'occupation du domaine public en vue de l'organisation de manifestations statiques ou mobiles pouvant conduire à la formation de rassemblements supérieurs à dix personnes. Il estime qu’en l’absence de circonstance locale le justifiant, une telle décision porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester et à la liberté d’expression, particulièrement en période de campagne électorale.
Suppression des examens universitaires
Le tribunal administratif de Paris annule partiellement les délibérations instaurant, pour l’une un régime général de dispense sans appréciation des résultats des élèves et, pour l’autre, supprimant tous les examens, y compris ceux devant se tenir à distance de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne. Le tribunal administratif estime en effet que ces délibérations ne sont pas, selon le cas, conformes au principe d’obligation de contrôle des connaissances et des aptitudes, ou proportionnées et adaptées à la situation dans laquelle les étudiants ont été placés dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
Statut de réfugié
La CNDA a reconnu la qualité de réfugié à un demandeur palestinien originaire de Cisjordanie qui invoquait des poursuites pénales de la part des autorités israéliennes pour avoir réalisé des photographies de l’arrestation d’un Palestinien par des soldats israéliens. La Cour a jugé qu’en « application de l’article L. 713-2 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile et compte tenu du partage institutionnalisé par l’Accord intérimaire « Oslo II » des prérogatives liées au pouvoir entre deux autorités distinctes dans la zone A, lieu de résidence de M. G. qui invoque des craintes personnelles de persécutions de la part de l’autorité militaire israélienne, il y a lieu d’examiner les craintes de l’intéressé en prenant en compte l’Autorité Palestinienne et les autorités israéliennes ».
Avis
Prorogation de l’état d’urgence sanitaire, avis du 20 octobre 2020
Le Conseil d’État a examiné le projet de loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence sanitaire et portant diverses mesures de gestion de la crise sanitaire. Ce projet prolonge jusqu’au 16 février 2021 l’état d’urgence sanitaire et le régime transitoire de sortie de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 1er avril 2021. Le projet de loi comprend également une série d’habilitations permettant de prolonger ou de rétablir certaines des mesures prises par ordonnance sur le fondement de la loi du 23 mars 2020 pour faire face à l’épidémie.
Sortie de l’état d’urgence sanitaire, avis du 14 septembre 2020
Le Conseil d’État a rendu un avis sur le projet de loi prorogeant le régime transitoire institué à la sortie de l’état d’urgence sanitaire. Il modifie notamment la sortie de l’état d’urgence sanitaire pour porter du 30 octobre 2020 au 1er avril 2021 la date d’échéance des différents pouvoirs conférés à l’administration pour lutter contre la propagation de la Covid 19.
Mise sur le marché de pesticides, avis du 26 août 2020
Le Conseil d’État s’est prononcé sur le projet de loi relatif aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire. Il réitère l’interdiction des pesticides contenant des néonicotinoïdes ou des substances assimilées, tout en prévoyant un régime temporaire de dérogation.
Simplification des expérimentations, avis du 16 juillet 2020
Le Conseil d’État a rendu un avis sur le projet de loi organique relatif à la simplification des expérimentations mises en œuvre sur le fondement du quatrième alinéa de l'article 72 de la Constitution. Faisant suite à l’étude du Conseil d’État publiée en octobre 2019, ce projet de loi simplifie, facilite et rend plus attractif le recours aux expérimentations pour les collectivités locales.
Programmation de la recherche 2021 à 2030, avis du 9 juillet 2020
Le Conseil d’État a examiné le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche pour les années 2021 à 2030. Le texte prévoit de mieux financer et évaluer la recherche publique, d’améliorer l’attractivité des métiers de la recherche et de replacer la science dans une relation ouverte avec toute la société.
Conseil économique, social et environnemental (Cese), avis du 25 juin 2020
Le Conseil d’État s’est prononcé sur le projet de loi organique relatif au Conseil économique, social et environnemental qui redéfinit ses missions, modernise son fonctionnement et revoit sa composition ainsi que sur un projet de loi organique prorogeant le mandat de ses membres.
Construction et habitat, avis du 23 juin 2020
Le Conseil d’État a donné un avis sur le projet de loi ratifiant l’ordonnance n° 2020-71 du 29 janvier 2020 relative à la réécriture des règles de construction et recodifiant le livre Ier du code de la construction et de l’habitation. Il prévoit notamment la création d’un « carnet d’information du logement » (CIL) pour les propriétaires afin d’améliorer la performance énergétique de leurs logements.
Restitution de biens culturels à deux pays africains, avis du 3 mars 2020
Le Conseil d’État a étudié le projet de loi relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal. Le texte permet de restituer au Bénin et au Sénégal plusieurs œuvres d'art conservées au musée du Quai Branly‑Jacques Chirac et au musée de l'armée.
Études & colloques
Gouvernance et régulation des données, en partenariat avec l’université Paris Dauphine
Utilisées par les chercheurs, les statisticiens, les professionnels du marketing ou encore les médecins, les données représentent aujourd’hui un « nouveau pétrole » dans tous les secteurs de la société. Si leur exploitation peut permettre des avancées sociales, sanitaires ou économiques, il convient de s’interroger sur leur nécessaire régulation. Le colloque, organisé le 23 octobre au Conseil d’Etat, rassemble les universitaires, praticiens du droit, acteurs économiques, régulateurs autour de grandes thématiques relatives à la question des données : protection contre les manipulations individuelles, régulation et transparence des algorithmes, commerce et échange des données ou encore régulation de l’accès aux données. Diffusée en direct sur le site internet et les comptes Twitter et YouTube du Conseil d’État, elle est consultable dans son intégralité ici.
Conférence inaugurale du cycle sur les états d’urgence
Face aux nombreux questionnements que soulève l’état d’urgence, le Conseil d’État a décidé de lui consacrer sa prochaine étude 2021 et son traditionnel cycle de conférences organisé par la section du rapport et des études. Une première conférence a ouvert ce cycle le 14 octobre avec, comme invités, Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre, ancien ministre de l’intérieur, François Molins, procureur général près la Cour de cassation et Monique Canto-Sperber philosophe, directrice de recherche au CNRS. Diffusée en direct sur le site internet et les comptes Twitter et YouTube du Conseil d’État, elle est consultable dans son intégralité ici.
Les Rencontres des acteurs publics
Quelques jours après la publication de l'étude annuelle du Conseil d'État, l’édition 2020 des Rencontres des acteurs publics s’est intéressée à l'évaluation des politiques publiques. Rapprochement avec le monde de la recherche, perspectives européennes, data et numérique, rôle du Parlement, participation du citoyen sont autant de thèmes qui ont été abordés les lundi 12 et mardi 13 octobre au Conseil d’État, en présence de nombreux acteurs de l’évaluation. Débats en direct, interviews, ateliers virtuels ont été diffusés sur la WebTV d’Acteurs publics.
Etude annuelle 2020 du Conseil d’État
L’étude annuelle du Conseil d’Etat Conduire et partager l’évaluation des politiques publiques parue en septembre 2020 dresse un panorama de l’ensemble des enjeux de ce processus qui est au cœur de nombre de réflexions contemporaines sur la gestion publique, tant dans la sphère étatique que dans la sphère locale. Au-delà d’un bilan qui souligne les avancées mais également les lacunes qui subsistent, le Conseil d’État formule un ensemble de recommandations destinées à renforcer le cercle vertueux de l’évaluation.
La justice administrative au quotidien
Les dernières parutions
Prix de thèse du Comité d'histoire
Le prix de thèse du Comité d’histoire a pour objet de récompenser une thèse intéressant directement l’histoire du Conseil d’État et des institutions de la justice administrative. Le 5 octobre dernier a été remis le prix de thèse 2020 à M. Thomas Boullu pour ses travaux sur La transaction en matière d’impositions indirectes (1661-1791). Contribution à l’étude de l’émergence d’un droit de l’administration monarchique. Thèse de doctorat d'histoire du droit et des institutions sous la direction de Raphaël Eckert, soutenue en 2019.
Les rendez-vous diversité & égalité
Égalité/diversité : la justice administrative poursuit ses actions
En mars dernier, le Conseil d’État et les juridictions administratives obtenaient les labels Égalité et Diversité. Aujourd’hui, la justice administrative poursuit son engagement collectif en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et pour la prévention de toute forme de discrimination : concertation avec les organisations syndicales autour du futur plan Égalité professionnelle, accueil en stages de jeunes issus des quartiers REP et REP+ ou de classes préparatoires intégrés aux concours de la fonction publique, travaux sur l’emploi du français facile à lire et à comprendre (Falc), etc.
Les déplacements en juridictions
Bruno Lasserre, vice-président du Conseil d’État, poursuit ses visites régulières en juridictions. Il s’est ainsi rendu aux tribunaux administratifs de Toulon (14 septembre), de Bastia (5 octobre) et de Châlons-en-Champagne (19 octobre) pour dresser un bilan de leurs activités et rencontrer les personnels des juridictions et les acteurs locaux. Il a également abordé les priorités de la justice administrative que sont la procédure de médiation et le développement du numérique.
Événements
Journées européennes du patrimoine au Conseil d’État
Les 19 et 20 septembre derniers, près de 1400 visiteurs ont été accueillis au Palais-Royal à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Dans le respect des normes sanitaires, les personnels du Conseil d’État ont guidé les visiteurs le long d’un parcours balisé, en mêlant patrimoine, faits historiques, anecdotes et actualités de l’institution. Ces visites ont aussi permis de faire connaître les lieux où sont tranchés les litiges opposant les citoyens et l’administration, et où sont examinés les projets de textes préparés par le Gouvernement et du Parlement.
En bref
Signature de deux conventions de médiation à Nice et Toulon
Le 17 septembre dernier, les tribunaux administratifs de Nice et Toulon, le rectorat de Nice et la médiation du Var et des Alpes-Maritimes ont signé une convention de médiation pour faciliter la résolution des conflits au sein de l’éducation nationale dans ces deux départements. Le personnel public, enseignants comme agents, d’une maternelle à un lycée, pourra désormais, avant comme après la saisine du juge administratif, faire appel à un médiateur académique pour résoudre gratuitement des conflits portant notamment sur leur rémunération, formation, congés ou mobilité.
Open data des décisions de justice
Le décret n° 2020-797 du 29 juin 2020 relatif à la mise à disposition du public des décisions des juridictions judiciaires et administratives a fixé les modalités selon lesquelles cette mise à disposition doit être réalisée. À la suite de la parution de ce décret, le Conseil d’État, le Conseil national des barreaux et l’Ordre des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation ont souligné, dans une déclaration commune le 6 juillet dernier, la nécessité d’une régulation des algorithmes utilisés pour le traitement des décisions de justice avec la désignation d’une autorité publique qui en serait chargée.
Changement du ressort des cours administratives d’appel de Paris et de Versailles
Le décret n°2020-516 du 5 mai 2020 a modifié le ressort de certaines cours administratives d'appel au 1er septembre 2020. Le tribunal administratif de Montreuil relève désormais de la cour administrative d’appel de Paris (et non plus de Versailles) et le tribunal administratif d’Orléans de la cour administrative d’appel de Versailles (et non plus de Nantes).
Témoignage d'une juridiction administrative
Les enseignements de la crise sanitaire à la Cour nationale du droit d'asile (CNDA),
par Dominique Kimmerlin, présidente de la CNDA
Nous avons tous éprouvé un gros pincement de cœur en fermant la Cour le lundi 16 mars au matin. Le plan de continuité d’activité déclenché le jour même prévoyait la présence d’une dizaine d’agents pour assurer l’enregistrement des recours et veiller à la sécurité des bâtiments désormais déserts. Il restait à organiser la communication avec et entre les quelques 670 magistrats et agents de la juridiction et les 400 juges vacataires dont les audiences ont été annulées du jour au lendemain. Une à deux semaines furent nécessaires pour trouver le rythme de croisière : réunions périodiques basculées en audio conférence tout d’abord puis en visio avec le concours de la DSI du Conseil et du SSI de la Cour, courriels d’informations générales, réunion en visio avec les avocats pour préparer la reprise des audiences… Sans parler d’une profusion d’initiatives spontanées venue enrichir les échanges entre agents au sein des chambres et des services grâce aux messageries instantanées, appels téléphoniques en relai etc… Dans le même temps, l’équipe du CNDA Infos s’était mobilisée pour transformer le journal mensuel interne en publication hebdomadaire enrichissant, avec talent, son contenu de nombreuses recettes, conseils divers et témoignages ! Le plan de reprise appliqué à compter du 11 mai ne sonnait pas pour autant le retour à la normale en raison des mesures sanitaires qui contraignaient le travail en présentiel et empêchaient la réouverture de toutes les salles d’audiences. C’est seulement le 24 août que nous avons pu rouvrir la totalité des salles pour y tenir nos 28 audiences quotidiennes. Trois enseignements se dégagent de cette crise : celui de notre capacité d’adaptation pour poursuivre nos missions. Un exemple pour l’illustrer : la lecture sur internet des décisions pseudonymisées pour limiter la présence du public dans la zone ERP mise en œuvre en quelques jours grâce à la DSI et au service informatique de la juridiction ! Le deuxième enseignement tient à l’implication des équipes et à leurs modes de fonctionnement: leurs initiatives spontanées ont été à la source d’innovations essentielles. A l’avenir, il nous faudra favoriser plus encore l’initiative individuelle dans le cadre de relations fonctionnelles plutôt que hiérarchiques. Enfin, l’expérience de l’état d’urgence sanitaire a souligné l’importance que revêt la transmission de l’information en cas de crise. Cela nous conduira à rechercher, à l’avenir, de nouveaux vecteurs de communication et de nouvelles modalités de diffusion de l’information.
La justice administrative à l’international
Visite à la cour administrative suprême de Suède
Dans le cadre des relations bilatérales avec ses homologues, une délégation du Conseil d’Etat présidée par son vice-président, Bruno Lasserre, a participé à un séminaire de travail avec la Cour administrative suprême de Suède à Stockholm les 8 et 9 octobre. La délégation a été reçue par la Présidente de la Cour, Mme Helena Jäderblom. Ils ont échangé autour de trois sujets communs : les questions préjudicielles posées à la Cour de justice de l'Union européenne, les mutations du droit de la famille et la déontologie des magistrats administratifs.
Rencontre avec la présidente de la République grecque et la présidente du Conseil d’État grec
Bruno Lasserre, vice-président du Conseil d’État, s’est rendu à Athènes les 28 et 29 septembre. Le vice-président et sa délégation ont été reçus par la présidente de la République, Ekaterini Sakellaropoulou, ainsi que par la présidente du Conseil d’Etat, Irène Mary Sharpe. Ils ont échangé sur des sujets d’intérêt commun, notamment la gestion de la crise sanitaire. Dans le cadre international, l’Association des hautes juridictions administratives (AIHJA) organisait à Athènes son conseil d’administration ainsi qu’un séminaire portant sur la déontologie des magistrats.
14e Journées juridiques et administratives franco-croates
Accompagné de la présidente de la section du rapport et des études, Martine de Boisdeffre, le vice-président du Conseil d’Etat, Bruno Lasserre, s’est rendu à Split pour participer aux quatorzièmes Journées juridiques et administratives franco-croates les 17 et 18 septembre. Cette année ces journées avaient pour thème : « l’action des pouvoirs publics et de la jurisprudence administrative en période de pandémie Covid-19 ».
3 questions à...
Irène Mary Sharpe
Présidente du Conseil d’État grec
Quelles sont les missions du Conseil d’État grec ? Les compétences du Conseil d’État sont énumérées dans l’article 95 de la Constitution. Il est tout d’abordjuge de premier et dernier ressort en matière de recours pour excès de pouvoir, sauf si la loi a transféré une catégorie d'affaires aux juridictions administratives, auquel cas il est juge d’ appel.En premier et deuxième degré,ce sont les tribunaux du fond qui sont compétents ; le Conseil d’État est alors juge de cassation. Notre institution comprend six sections contentieuse. L’une d’entre elles rend, en plus, des avis : le Conseil d’État grec a en effet des fonctions consultatives puisqu’il donne obligatoirement son avis sur la légalité des projets de...
Agenda
27 novembre 2020
16e édition des Entretiens de droit public économique : Quel financement pour une économie durable ?
9 décembre 2020
Les états d'urgence : quelles leçons de l'histoire?
18 Décembre 2020
5e édition des Entretiens du contentieux : De nouvelles frontières pour le juge administratif
3 mars 2021
Les états d’urgence : comment les pouvoirs publics s’y adaptent-ils ?
16 juin 2021
Les états d’urgence : comment en sort-on ?
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